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Date de création : 30.01.2011
Dernière mise à jour :
22.09.2014
5 articles
Alors nous-y voilà ! Elle est partout, invitée à toutes les émissions radio et télé, faisant la une des Figaro et Le Point. J’ai nommé : Marine Le Pen. La nouvelle présidente du Front National s’apprête à réunir demain 1er mai tous les militants et sympathisants pour le traditionnel défilé du Front, place de l’Opéra à Paris. Son ascension ne laisse personne indifférent, elle fascine d’un côté et révulse de l’autre. Comment la fille du Chef a-t-elle pu en si peu de temps gagner la confiance et se faire faire la révérence par les grands media ?
La réponse est à trouver dans la stratégie du nouveau Front National. Le choix d’une femme à la tête du parti est en grande partie responsable de l’ascension du FN ces derniers temps, que l’on retrouve dans le succès aux élections cantonales et surtout dans les sondages flatteurs donnant Marine Le Pen au second tour des Présidentielles 2012. Comme avec Ségolène Royal ou Angela Merkel en Allemagne, l’effet ‘’femme présidentielle’’ porte ses fruits indéniablement. L’image adoucie du FN séduit un nouvel électorat, principalement les déçus de la droite classique, mais aussi les ouvriers, premier chez Marine Le Pen, devant Dominique Strauss-Kahn et Nicolas Sarkozy.
Dans un second temps, la succession de Marine le Pen à son père, a entraîné un changement dans le discours général. Le discours de Mme Le Pen se veut plus social, cette dernière invoquant notamment le pouvoir d’achat en baisse, ou encore les délocalisations, ce qui n’était pas le cas de son père. Le discours dur et récurrent de celui-ci sur l’immigration, s’est aujourd’hui adouci, pour laisser place à une argumentation plus sociale et ‘’ouverte’’. Et dans la bouche de la nouvelle présidente, les tabous tels que l’immigration ou l’identité nationale, semblent être mieux digérés par les mass media. Autre exemple. Le débat sur le mariage homosexuel ou l’adoption d’enfants par deux personnes de même sexe, ne semble plus être d’actualité pour Marine Le Pen. N’est-ce pas elle encore qui souhaita voir s’éloigner ‘’les crânes rasés, catholiques intégristes et autres obsédés de la Shoah’’ des rangs du parti ? Ajouté à cela, les excuses publiques de cette dernière sur les dérapages de son père, qui en font une présidentiable politiquement correcte. Tactique peut-être payante pour le moment mais jusqu’à quand et à quel point ?
Les limites de la vague Marine Le Pen sont d’une part la normalisation du discours. L’attrait du Front National jusqu’à présent trouvait son sens dans un discours anti conformiste, rompant tout lien avec la politique politicienne d’aujourd’hui. Mais avec ce Front National new look, rejoint d’ailleurs par bon nombre de déçus de l’UMP, il est à craindre une édulcoration des idées et de l’argumentation. D’autre part, en cas d’échec aux Présidentielles de 2012, l’électorat de base du parti que sont les ouvriers (36 % d’intention de vote pour 2012 devant la gauche et la droite) risque de définitivement quitter le parti si celui-ci devient un parti du Système. Enfin le boom dans les sondages de Marine Le Pen garantit-il forcément un triomphe du FN pour 2012 ? Rien ne dit que la mascarade de 2002 où avait été traînée dans la rue la moitié de la France pour manifester contre Le Pen, ne se reproduirait pas une nouvelle fois. L’Histoire nous l’a appris, les Français sont un peuple malléable, capables de voter pour Jean un jour et pour Jacques le jour d’après …
R.F.